Mentorat et mentor : le mécénat de compétence en action

Le mentorat est une solution possible à la perte de sens au travail et aux difficultés d’accès à l’emploi. C’est encore plus vrai depuis la crise sanitaire. En effet, le mentor est celui qui, grâce à son expertise et son expérience professionnelle « du dedans », va permettre au mentoré, souvent « en dehors », de trouver une voie et un accès au monde du travail. Avantage : l’implication enthousiasmante pour le mentor est également excellente pour son entreprise et sa RSE.

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Le mentorat ne date pas d’hier. Mais il a certainement pris, depuis la crise du Covid-19, une nouvelle dimension. Ainsi, il fait partie de l’arsenal d’insertion professionnelle dégainé par le gouvernement avec le plan « Un jeune, une solution ». En effet, sur le plan professionnel, les jeunes adultes constituent bien le principal dommage collatéral des mesures sanitaires. Ils rencontrent d’importantes difficultés alors qu’ils sont encore en étude et à la recherche de stage ou d’alternance. Le problème se retrouve aussi quand ils les ont terminés et qu’ils cherchent leur premier emploi. Dans ces conditions, est-ce que le salarié en poste et sensible à cette problématique peut faire quelque chose ? Heureusement, la réponse est oui.

Le point sur le mentorat en entreprise

S’agissant d’une relation interpersonnelle, il doit certainement exister autant de relations de mentorat que de personnes. Mais voici tout de même quelques grandes généralités importantes à connaître.

Qu’est-ce que le mentorat ?

Le mentorat est une activité qui consiste pour le mentor à aider, dans la durée et de façon désintéressée, un mentoré à atteindre son objectif professionnel. Autrement dit, il s’agit d’un mécanisme ou d’un dispositif permettant la rencontre entre un public expérimenté – sur le plan professionnel – et un autre profane, afin de créer les conditions favorables d’un transfert de compétences permettant notamment l’accès à l’emploi.

Qui peut être mentor ?

Le mentor est en général un professionnel expérimenté dans son domaine d’activité. Il a su, tout au long de son parcours, acquérir de nombreuses compétences. Celles-ci relèvent aussi bien des savoir-faire que des savoir-être. Pour autant, l’expérience requise pour être mentor ne se compte pas forcément en décennie, et un jeune actif qui a déjà quelques années de pratique peut déjà faire un bon mentor.

Comment mettre en place du mentorat en entreprise ?

La mise en place d’une activité de mentorat est en général une décision prise par une ou plusieurs directions dans une entreprise. Il va s’agir la plupart du temps de trouver un partenaire, comme une association spécialisée dans cette activité, pour mettre en place le cadre juridique et opérationnel du mentorat. En effet, l’entreprise va mettre à disposition du temps de ses cadres, et peut-être recevoir du public dans ses locaux. Aussi il est important de bien border la future activité. Les directions concernées sont plus particulièrement la direction générale, les ressources humaines, mais aussi la RSE.

Comment trouver un mentor lorsqu’on est étudiant ou jeune diplômé ?

Du côté du futur mentoré, c’est-à-dire du jeune diplômé ou de l’étudiant, la perspective d’un coup de main ne doit pas dispenser d’être prudent. En effet, n’importe qui peut revendiquer la fonction de mentor. Les profils douteux pullulent sur LinkedIn, pleins de promesses alléchantes, parfois même payantes. Il convient donc d’être prudent afin de ne pas tomber sur n’importe qui. Pour ce faire, il est important de prendre le temps de se renseigner sur les dispositifs existants. Dans ce cas, Pôle Emploi peut être un bon point de départ. Les services d’orientation et d’insertion professionnelle sur les campus peuvent aussi être de bon conseil.

Comment choisir son mentor pour son projet professionnel ?

Demander de l’aide pour son insertion professionnelle n’est pas une mauvaise idée, et le mentorat peut être une bonne option. Comme le mentorat se pratique de plus en plus, il peut être tentant de penser que l’on peut choisir son mentor. Si c’est ce que l’on vous propose, soyez méfiant. C’est là que le cadre que nous évoquions plus haut prend tout son sens. C’est à un tiers sérieux et expérimenté de vous mettre en relation avec la bonne personne. Autrement dit, vous avez le choix de l’association ou du dispositif, mais pas de la personne qui va vous aider.

Exemples de mentorat

Naturellement, on ne vous en parlerait pas si on ne le pratiquait pas. Serge accompagne des jeunes diplômés depuis quatre ans maintenant au sein de l’association NQT. L’objectif de l’association est de raccourcir au maximum le temps entre la remise de diplôme et l’accès au premier emploi. Cela ne paraît pas très spectaculaire, mais en fait de nombreux diplômés sont véritablement « lâchés dans la nature » sans aucune notion pratique de recherche efficace d’emploi, et perdent un temps précieux.

Aurélie, de son côté, intervient dans un format différent. Elle expose, sous forme de conférences pour une promotion entière d’école de commerce, les bonnes pratiques sur les parcours professionnels ainsi que l’entrepreneuriat. Moins personnalisée et plus généraliste, la conférence permet de toucher plus de monde, et cela n’en reste pas moins un mécénat de compétence très utile pour les étudiants.

Plus original, l’association La cravate solidaire est un vestiaire d’habits « professionnels » où des mentors interviennent auprès d’un public demandeur d’un coup de main pour gérer un entretien d’embauche. Le mentorat consiste à aider la personne à se donner un look professionnel, et à la former sommairement sur les particularités des entretiens.

Valorisation du mentorat et du mécénat de compétences

Le mentorat est un mécénat de compétences qui ne fait pas de perdant. Si le mentoré tire logiquement satisfaction d’avoir atteint son objectif professionnel, de nombreux mentors évoquent la très grande satisfaction personnelle de s’investir dans une action utile. Certains mentors disent que le mentoré leur en apprend aussi beaucoup. C’est particulièrement vrai pour prendre la température « sociale » du côté des jeunes diplômés et des jeunes actifs.

Il n’est donc pas surprenant que certaines directions des ressources humaines mettent en place ce type de dispositif pour assurer de cette façon une sorte de veille. Le mentorat peut également servir les objectifs de recrutement d’une entreprise, qui peut finalement embaucher ses mentorés. Enfin, les directions RSE sont particulièrement intéressées par ce type d’actions concrètes, économiques, et rapides à mettre en œuvre. Avec finesse, bien entendu.

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