C’est quoi ta technique ? Bien écrire un texte

Chez Rhetorike, une part importante de notre métier consiste à écrire pour les autres : magazine d’entreprise, site internet, blog, tribune signée par un dirigeant, newsletter… Quel que soit le support, nous trouvons les mots, et faisons tout pour bien écrire les textes. Mais le résultat ne procède pas de la magie et uniquement d’un talent d’écrivain. Écrire, et encore plus pour autrui, demande du travail, du temps et de l’humilité. Chaque rédacteur possède sa méthode et ses astuces. Aurélie vous présente aujourd’hui ses habitudes.

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Les préalables à un bon article

Avant de me jeter sur mon clavier pour pianoter des milliers de signes, je privilégie un long travail de préparation en amont. D’abord, je cadre mon sujet et les questions que je veux traiter dans mon papier, avec l’accord, le cas échéant, du client et des éventuelles personnes-ressources. Justement, parlons des sources. Très soucieuse d’aborder une information originale (et non un xième copier-coller d’internet) et véridique, je recherche préalablement des informations de premier ordre, c’est-à-dire des informations prises à la source. Études d’instituts de sondage, personnes à interviewer, verbatims d’ouvrages universitaires ou d’encyclopédie (pas la Wikipédia, sauf pour sa bibliographie) … en bref, toute la documentation qui me permettra d’écrire un article pertinent et circonstancié. Je n’oublie pas non plus de bien noter d’où proviennent les informations pour les citer.

Selon le type d’article à écrire, je vais également me renseigner sur l’entreprise cliente pour bien maîtriser son domaine d’activité, son vocabulaire (à l’aide d’une charte éditoriale, par exemple). Si j’interviewe une personnalité, je vais lire d’autres interviews, regarder des prises de parole en public pour saisir la rythmique de la personne et sa façon personnelle d’articuler sa pensée. L’objectif, bien entendu, est de rendre un article au plus près du style du client et de l’interviewé, et non de mon style personnel.

Ensuite, en tant que stratège en communication, je n’oublie pas de bien penser à la diffusion du texte : quels vont-être les canaux utilisés ? Quels en sont les prérequis de style, de calibrage ou encore les habitudes du lectorat ?

Une fois, tout ceci suffisamment exploré, que les interviews sont enregistrées et retranscrites, que les sources sont sûres et nombreuses, je m’installe pour une séance de rédaction.

Quelques bons conseils pour lancer la rédaction d’un article

Pour qu’une séance d’écriture soit productive et que le rapport temps/prix au feuillet de rédaction soit correct, pas de possibilité de procrastiner pour la première phase de rédaction. Voici quelques bonnes habitudes à prendre, qui facilitent le travail.

  • Sachez à quel moment de la journée vous préférez écrire et surtout à quel moment vous êtes le plus efficace. J’écris les textes complexes le matin, et les interviews au style plus rythmé l’après-midi.
  • Que vous écriviez à la main ou à l’ordinateur, coupez l’accès à internet de votre ordinateur et mettez votre téléphone en mode repos. La pire ennemie du rédacteur, c’est la distraction.
  • Isolez-vous ! La concentration est essentielle. Sachant qu’à chaque fois que vous êtes dérangé, il vous faut du temps pour vous reconcentrez sur votre ouvrage.
  • Prévoyez une plage de temps suffisamment longue. Personne n’arrive à écrire 3 000 signes correctement en moins d’une demi-heure. Pour un tel calibrage, prévoyez plutôt 1 heure si vous êtes rapide pour un premier jet, plutôt 1 heure 30 minutes si vous avez besoin de plus de temps. Évidemment, plus le texte sera long, plus le temps nécessaire s’allongera.
  • Pensez à votre bande-son. Le silence et les bruits parasites peuvent appeler la page blanche. Tout est une question de goût : classique, jazz… à chacun sa préférence.
  • Pensez à vous hydrater. Le cerveau est une éponge et va consommer beaucoup d’eau pendant le processus.
  • Faites des pauses, aussi, même très courtes. Levez-vous, bougez pour désencombrer votre esprit.

Le premier jet, le texte martyr, la logorrhée, la version que personne ne lira jamais…

Le secret, c’est qu’aucun texte lu n’est la première version faite par l’auteur. Les tweets ratés et les messages Facebook de fin de soirée ne rentrent pas dans la catégorie des textes que nous traitons ici.

Donc, la première version d’un texte me donne toujours une folle liberté d’écrire ce que je veux, en oubliant des mots, car la pensée va plus vite que les doigts. Je m’autorise même des fautes d’orthographe grossières et je suis très laxiste sur les accords. Rien n’est grave, cette version première du texte reste mon secret.

Mon autre secret, c’est que je n’écris pas de manière linéaire. J’écris toujours le titre et le chapô à la fin. Et souvent je commence par un paragraphe en plein milieu, parce que l’idée qu’il contient me plaît. Pour me lancer et me donner de l’appétit, je laisse jouer mes préférences. Et ensuite, quand mon texte commence à prendre forme, je peux décider, comme ça, parce que ça sonnera mieux, de déplacer des paragraphes entiers ou, crime absolu, de les supprimer. Et personne n’en saura toujours rien.

Une fois écrites, les premières versions de mes textes ont toutes les mêmes tares : trop longues, brouillonnes, sans intertitre, avec des répétitions à chaque paragraphe. Je vis alors, à chaque fois, un grand moment de solitude, une déprime express. Il est temps de fermer le fichier et de laisser reposer (une nuit, c’est bien).

Oui, car le processus de rédaction demande du temps de maturation. Et d’avoir le regard frais et acéré pour la suite.

Trois autres versions d’un même texte avant de l’envoyer au commanditaire

  1. Après avoir ignoré mon texte quelques heures (voire tout un week-end), je le relis et entame la phase de correction à la hache. Coupes, correction orthographique, reformulation de phrases bancales, réaménagement des paragraphes.
  2. Utilisation d’un logiciel de correction (qui n’empêche pas une lecture précise), qui va trouver les incohérences dans le texte, les répétitions, les verbes ternes, les phrases averbales et tout ce que le cerveau corrige tout seul à la lecture. Ici, un deuxième regard peut servir. Je compte sur Serge.
  3. Rédaction des titres, intégration des sources en bas de page et des liens hypertextes.

Voilà, le texte est prêt pour être lu par le client et les personnes interviewées. Puis, par le reste du monde.

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